Annie McCallum Sayre, enseignante dans le sud-ouest Américain

Au premier abord, la vie d’Annie McCallum Sayre (1848-1921) semble représenter celle assez typique des habitants des petites villes du Nouveau-Brunswick. Le survol de sa vie (née et décédée à St. George, au Nouveau-Brunswick, deuxième fille d’Hugh et Mary Ann McCallum, anglicane, d’origine écossaise) ne laisse rien présager de son esprit exceptionnellement aventureux. Le 19 octobre 1876, à l’âge de 28 ans, Annie épouse John E. Sayre, de Saint John. Cependant, ce dernier décède 13 mois plus tard, la laissant veuve et sans enfant. Quelques années plus tard, elle quitte la ferme de sa sœur à St. George et voyage jusque dans le sud des États-Unis pour y chercher un emploi d’enseignante au sein de l’Indian School Service en pleine expansion.

Créé en 1924, l’Office of Indian Affairs engage, par l’intermédiaire du United States Indian Service, des centaines d’enseignants pour commencer à « civiliser » l’Ouest sauvage. Au cours du XIXe siècle, l’Indian Service croît considérablement : en 1897, il compte près de 4000 employés salariés. La majorité des employés du School Service sont des femmes. Au début du XXe siècle, l’Indian Service est devenu un véritable bureau fédéral.

Annie Sayre intègre son poste à l’Indian School Service vers 1890, ce qui correspond à l’apogée des activités de celui-ci dans l’Ouest américain au tournant du siècle. Elle est chargée d’enseigner chez les Pueblos d’Arizona et du Nouveau-Mexique, et sur une période de 18 années, elle enseigne dans les pueblos de Zia et San Juan au Nouveau-Mexique, ainsi qu’à un autre qui n’a pas encore été déterminé. Les artéfacts dont elle a fait don proviennent de pueblos d’Apaches, d’Hopis et de Santa Clara, ce qui permet de penser qu’elle pourrait avoir séjourné à d’autres endroits.

Mais qu’est-ce qui peut bien pousser une jeune veuve à quitter les rivages ruraux du Nouveau-Brunswick pour travailler dans le désert américain, à des milliers de kilomètres de ses amis et de sa famille? En l’absence d’un récit de souvenirs personnels, il est difficile de déterminer avec certitude les vrais motifs qui ont poussé Annie à travailler pour l’Indian School Service. Peut-être avait-elle des liens familiaux dans la région. Nous savons que d’autres Néo-Brunswickois ont séjourné dans le sud-ouest américain. Peut-être s’est-elle senti une âme de missionnaire, a-t-elle trouvé attrayante la promesse d’un emploi salarié ou souhaitait-elle tout simplement satisfaire un besoin d’aventure.

Les employées de l’Indian School Service étaient remarquables pour deux raisons. En premier lieu, en tant que représentantes du gouvernement fédéral, elles disposaient d’un pouvoir important dans ce monde patriarcal, et ensuite, elles étaient fascinées par l’art et la culture autochtones, et établissaient souvent des relations fortes avec les peuples parmi lesquels elles vivaient. Annie Sayre ne faisait pas exception. À une occasion, elle écrit une lettre énergique au surintendant de l’Indian School Service, lui demandant de s’occuper d’un problème d’empiètement d’un allochtone sur le territoire du pueblo de Zia. Sa lettre déclenche une action de revendication territoriale, au cours de laquelle elle agit pour le compte des autochtones de Zia. Ses artéfacts pueblos témoignent aussi de son intérêt envers la culture autochtone et des liens qu’elle entretenait avec ses élèves.

En 1908, Annie enseigne à la San Juan Day School lorsqu’elle doit démissionner pour des raisons de santé. Elle a dû revenir à St. George peu de temps après. Elle y vit encore lorsqu’elle fait sa première donation à la Natural History Society en 1920.

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