Le Mechanics’ Institute

En 1846, le Mechanics’ Institute de Saint John reprend le Gesner’s Museum of Natural History. Cet établissement avait été créé en 1838 en prolongement de la New Brunswick Philosophical Society qui avait vu le jour deux ans auparavant.

Dès sa création, il était prévu que le Mechanics’ Institute possède son musée. Celui-ci était mentionné dans les statuts et règlements de 1839 comme un moyen d’instruction, au même titre que les conférences, le matériel, les maquettes de machines, la bibliothèque et l’école.

Ces éléments de base se trouvaient tous dans l’immeuble du Mechanics’ Institute, terminé à la fin de 1841. Au rez-de-chaussée étaient situés « trois vastes locaux destinés à un musée, une école et d’autres fins. »

Nous ne savons pas bien quand la collection du Mechanics’ Institute a commencé à être constituée. En avril 1839, trois ans avant l’ouverture de son propre musée, le Dr Abraham Gesner s’engage à utiliser les 25 £ recueillies lors d’une série de conférences données au Mechanics’ Institute pour acquérir « des fossiles, des minéraux et d’autres objets d’histoire naturelle pour son musée » (NB Courier, 30 avril 1839, p. -). Le journal fait mention de promesses « de la part de nombreuses parties, de curiosités naturelles et autres, dès qu’un endroit approprié pour leur entreposage sera trouvé ».

Les donations faites au musée sont mentionnées dans le rapport annuel de 1842. Malheureusement, elles ne sont pas détaillées comme ce sera fait dans les années à venir. Un événement survenu cette année-là nous renseigne cependant quelque peu sur la nature de la collection, qui, à ses débuts, contient déjà des artéfacts provenant d’autres régions du monde. Il s’agit d’une vente de charité et d’une exposition organisées dans le nouveau bâtiment. Selon un journal, l’exposition comporte une salle des oiseaux et des curiosités, contenant des « curiosités en tous genres », et une salle réservée aux « armes, outils, etc., des aborigènes de tous les pays ».

Au cours des quarante années suivantes, des artéfacts exotiques continuent à s’ajouter, mais il existe un besoin constant d’un plus grand nombre de donations. L’accent est mis en permanence sur les collections internationales. En 1852, il est demandé que « les membres de l’Institut, lorsqu’ils sont à l’étranger, gardent l’œil ouvert. Bien des acquisitions précieuses pourraient être faites de cette manière, car un grand nombre des objets qui font un musée ont de la valeur à un endroit alors qu’on ne leur accorde aucune importance à un autre ». De plus, en 1856, les administrateurs déclarent que « les objets singuliers et les spécimens d’objets naturels qui sont en leur possession seront accueillis avec bonheur sur les étagères ou dans les presses du musée ». En 1866, il est suggéré que les « membres dont des amis résident ou voyagent dans d’autres pays leur demandent de bien vouloir faire toute contribution qui leur conviendra ». En 1873, alors que le nombre de donations commence à diminuer, le rapport annuel mentionne « que du fait que Saint John est un port de mer, on peut supposer que de nombreuses curiosités y sont rapportées de l’étranger, qui pourraient être volontiers remises à ce département ».

Les dossiers montrent que les artéfacts sont arrivés depuis des contrées lointaines et que les gens de mer ont été parmi les donateurs les plus généreux, leurs donations étant mentionnées en 1863 comme des « objets étrangers d’un grand intérêt ».

Un catalogue des spécimens ethnographiques exposés au Mechanics’ Institute, dressé en 1883, donne une idée des dimensions internationales de la collection. D’après cette liste, celle-ci comprend des artéfacts chinois, polynésiens (c.-à-d. d’Océanie), asiatiques, africains, européens et américains. Bien que ce ne soit pas précisé, certains de ces objets peuvent être identifiés comme étant des pièces du Gesner Museum, ce qui montre bien qu’à cette époque, la démarcation entre les deux collections était déjà devenue floue. Depuis, de nombreux artéfacts ont perdu leur identité. L’article 11 des statuts du musée concerne la sollicitation de donations, notamment de « curiosités artificielles », en échange de l’assurance que les donations et le nom des donateurs seront inscrits dans les registres. Il se trouve cependant que ces registres n’ont pas survécu et que de nombreuses étiquettes d’identification se sont détachées. L’un des aspects importants de cette étude consiste à reconstituer la collection à un stade désormais possible.