Le Margaret Rait et l’île de Pâques

John Lars Johnson (Stockholm, Suède 1876 – 1950 Saint John, N.-B.)
Saint John Whalers (détail montrant le Margaret Rait), 1920-1930
huile sur carton; 78,7 x 88,9 cm
Don de l’artiste, 1931

Le Margaret Rait était un baleinier construit en 1831 à St. Andrew’s et enregistré à Saint John. En octobre 1840, il entreprend son dernier voyage de chasse à la baleine, une expédition à destination des îles Galapagos, commandée par le capitaine James Doane Coffin de Barrington, en Nouvelle-Écosse. Pendant le voyage, le capitaine tient un journal où il décrit les aléas de la chasse à la baleine et de la vie en mer. La chasse à la baleine est une occupation laborieuse qui demande de longs mois de voyage en bateau si l’on veut obtenir un plein chargement, but du voyage. L’expédition de 1840 dure presque quatre ans, passés la plupart du temps dans le Pacifique Sud.

Après avoir accumulé près de 2200 barils d’huile de spermaceti, le Margaret Rait entreprend son long chemin de retour en navigant vers le Sud, le long des côtes sud-américaines. Pour se réapprovisionner, l’équipage fait escale environ cinq jours à l’île de Pâques. Dans son journal, le capitaine Coffin donne une description évocatrice de sa visite qui a lieu juste après Noël 1843. Ayant jeté l’ancre près de la côte sans toutefois débarquer, lui et son équipage troquent de la graisse de baleine contre des patates douces, des bananes et de la canne à sucre. Le capitaine exprime son admiration pour les insulaires, loue leur aptitude à la natation et les dit « excessivement gais et enjoués, presque toujours en train de rire et [n’ayant] rien de sauvage ni de féroce dans leur apparence, leurs manières ou leurs gestes ». Étrangement, il ne dit pas avoir reçu les deux statuettes en fibre d’écorce. C’est par d’autres sources que nous avons obtenu des renseignements sur ce cadeau des habitants de l’île de Pâques.

En juin 1844, après presque quatre années en mer, le Margaret Rait revient à Saint John. L’équipage remet alors les deux statuettes au Mechanics’ Institute. Si la liste complète des membres de l’équipage n’a pas encore été découverte, le capitaine Coffin mentionne quelques noms dans son journal. Il s’agit du second Joseph Godfrey Kenney (qui est devenu par la suite un capitaine renommé à Saint John), de MM. Taylor, Hooper et Chase (fils du capitaine Chase de Nantucket) et de Harry Bluff, originaire des îles Hawaii.

Les deux artéfacts provenant de l’île de Pâques sont faits de fibres d’écorce ou tapa imbriqués dans un cadre de roseaux. De nos jours, ces statuettes sont extrêmement rares. Seulement sept ont été recensées dans le monde, dont ces deux-là.

Le Musée du Nouveau-Brunswick possède aussi trois autres statuettes provenant de l’île de Pâques, toutes trois faites de bois sculpté. Jusqu’à présent, leur histoire est parfaitement inconnue. Il semblerait cependant qu’elles aient été rapportées par des navigateurs du Nouveau-Brunswick exactement comme l’ont été celles données par l’équipage du Margaret Rait.

Il est tout à fait possible que ces statuettes soient celles mentionnées dans le rapport annuel de 1845 du Mechanics’ Institute comme « deux idoles des îles orientales ». Le catalogue manuscrit des spécimens ethnologiques du Mechanics’ Institute, en date du 1er mai 1883, les décrit comme des « idoles adorées par les habitants des îles de Pâques ».

Galerie de photos

Le Margaret Rait et l’île de Pâques