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Moulages en plâtre de gemmes gravées
La gravure néoclassique sur gemmes reprend un art ancien exercé dans l’Égypte et la Grèce anciennes et dans la Rome antique. Le regain d’intérêt envers la gravure sur gemmes, qui a duré en gros du milieu du XVIIIe siècle jusqu’au début du XIXe, s’inscrivait dans le cadre d’un retour en force du goût pour les formes et les sujets classiques. Des collectionneurs passionnés ont constitué des collections regroupant des gemmes gravées anciennes et modernes qui étaient pour eux non seulement des objets précieux mais aussi des moyens d’étudier les sujets et thèmes antiques. À cette fin, les moulages étaient particulièrement utiles lorsque les originaux n’étaient pas accessibles. Les graveurs de gemmes eux-mêmes en faisaient des moulages, non seulement pour faire connaître leur travail mais aussi pour documenter leurs créations afin de protéger, en quelque sorte, leurs droits d’auteur. Les moulages étaient faits de matériaux divers, comme le verre, la céramique, la cire, le soufre et le plâtre.
La gravure sur gemmes donnait des camées (pierres gravées en relief) ou des intailles (pierres gravées en creux); la plupart des meilleurs tailleurs de gemmes néoclassiques avaient cependant une préférence pour les intailles. Qu’ils proviennent de camées ou d’intailles, les moulages donnaient invariablement des camées. Par ailleurs, le sujet était toujours classique ou d’inspiration classique. Les gemmes gravées néoclassiques peuvent donner des miniatures parfaites dont les détails sont nets et minutieux, de sorte que cette forme d’art n’était pas considérée comme inférieure à la peinture ou à la sculpture.
Le Grand Tour d’Italie
L’engouement pour les gemmes gravées et les moulages correspond à l’époque du « Grand tour », dont les miniatures étaient des souvenirs typiques. Le Grand tour était un voyage qu’effectuaient des jeunes gens du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle essentiellement pour parfaire leur éducation. La grande majorité d’entre eux étaient de jeunes hommes européens des classes privilégiées, surtout de Grande-Bretagne, mais quelques femmes firent aussi ce voyage.
Le périple pouvait durer plusieurs années, son rythme lent permettant de nouer des contacts importants ainsi que d’admirer et d’étudier des chefs-d’œuvre de l’art, de l’architecture et de l’antiquité en cours de route.
Bien qu’aucun trajet ni itinéraire particulier ne fût imposé, le tour passait par les grands centres culturels, surtout la France et l’Italie. En France, Paris était bien entendu incontournable. Après s’être frottés à la France et au meilleur de sa culture, les jeunes gens entreprenaient le difficile voyage à travers les Alpes suisses pour atteindre le nord de l’Italie. Une fois sur place, ils visitaient Venise, Florence et Pise pour finir par Rome, la principale destination d’intérêt. Là, ils s’imprégnaient de la ville antique tout comme des chefs-d’œuvre de l’art et de l’architecture modernes. Le séjour à Rome comprenait presque systématiquement des visites de musées, de villas et de palais renommés. Ensuite, nombre de voyageurs prenaient la route de Naples et des villes antiques de Pompéi et d’Herculanum récemment découvertes après avoir été enterrées lors d’une éruption du Vésuve en 79 après J.-C.
Bien entendu, le touriste qui se respectait ne pouvait pas revenir chez lui sans rapporter des souvenirs. Les Anglais étaient tellement présents que les Romains disaient : « Si notre amphithéâtre pouvait être transporté, les Anglais l’emporteraient » (Mead, p. 204). Il y en avait pour tous les goûts et toutes les bourses. Les touristes les plus aisés pouvaient rapporter de véritables œuvres d’art, comme des sculptures, des tableaux et des antiquités, tandis que les plus modestes se rabattaient sur des œuvres de moindre intérêt, peut-être des copies, notamment de magnifiques moulages de plâtre de gemmes gravées, qui, en outre, se transportaient facilement. Les œuvres de nombreux artistes fournissaient une grande variété de sujets. Les moulages choisis ici représentaient des œuvres majeures que pouvait voir un voyageur typique du Grand tour et ils sont présentés de façon à évoquer un tour typique.