Tortue part à la chasse
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L’hiver suivant, alors que la neige recouvre le sol et que la saison est propice à la chasse à l’orignal, tous les fils du Chef fabriquent des raquettes. Koluskap dit : « Oncle Tortue, fabrique-toi des raquettes pour aller avec eux. » Tortue demande de quelle taille doivent être les raquettes qu’il doit fabriquer et Koluskap répond : « Sept fois la paume de ta main. »
Tortue va trouver le Chef pour lui annoncer : « Je vais me faire des bonnes raquettes à maillage fin pour vous accompagner à la chasse. » La femme du Chef, qui n’aime pas beaucoup Tortue, affirme : « Il n’arrivera pas à vous suivre. Il s’enfoncera dans la neige. » Le Chef n’est pas de cet avis : « N’oublie pas qu’il a ramené une baleine au village sur son dos. »
Les raquettes terminées, il se mettent tous en route. Tortue est bientôt à la traîne, car il tombe sans cesse; il finit par avoir si mal qu’il peut à peine marcher. Écœurés, les fils du Chef s’exclament : « Tu n’es bon à rien! Tu n’es même pas capable de marcher avec des raquettes. Tu nous embêtes. » L’un d’eux ajoute : « On t’avait dit de ne pas venir. » Un autre encore : « Mets-le sur le traîneau. Il pourra le surveiller jusqu’à notre retour. C’est la seule chose qu’il soit capable de faire. »
Le lendemain matin, ils partent à la chasse à l’orignal et Tortue insiste pour les accompagner, ce qui agace passablement les fils du Chef. Ils arrivent dans une clairière et un des fils dit : « Les orignaux sont en route ». Tortue reçoit l’ordre de suivre les chasseurs. Tous se mettent sur la piste des orignaux, mais Tortue tombe immédiatement et les autres lui passent dessus avec leurs raquettes. Tortue se retrouve enterré sous la neige et a du mal à se remettre debout. Koluskap, qui a assisté à toute la scène, pense que le temps est venu pour son oncle de se montrer sous un meilleur jour. Alors une fois encore, Tortue bondit par-dessus les petits arbres au lieu de les contourner. Il dépasse les fils du Chef, mais ceux-ci ne le reconnaissent pas du fait de sa rapidité. Ils ne parviennent même pas à suivre sa trace, car ses foulées sont bien trop espacées.
Finalement, lorsque les fils du Chef le rattrapent, Tortue a déjà tué et dépouillé les orignaux, et il a même préparé le souper. Les fils du Chef sont très honteux de la manière dont ils ont traité Tortue plus tôt. Après le repas, ils retournent à leurs traîneaux et chargent deux quartiers d’orignal chacun, mais il reste deux orignaux. Tortue les empile sur son traîneau, et l’un des frères fait remarquer, d’un ton sarcastique : « Il ne pourra jamais tirer tout ce chargement. » Une fois encore, Tortue fait appel au pouvoir dont l’a doté Koluskap; il emprunte un raccourci et arrive avant les autres. Voyant l’avance de Tortue, un des fils du Chef dit aux autres : « Il avance toujours. Nous devons faire de même, sinon il dira que nous sommes faibles. »
Pendant la nuit, le Chef se réveille et sort chercher du bois pour le feu. Entendant le bruit d’un traîneau sur la neige, il voit arriver Tortue avec le chargement de viande d’orignal. Il déclare à sa femme : « Tortue arrive avec de la viande d’orignal. » Mais elle rétorque : « Tu penses que c’est Tortue qui tire tout ça? Ce sont plutôt nos fils. » Quoi qu’il en soit, le Chef réveille sa fille en lui disant de préparer à manger pour son mari. Tortue ne tarde pas à paraître et le Chef fait remarquer à sa femme : « Tu vois, il a deux orignaux en un seul chargement. » Les fils du Chef n’arrivent que le lendemain matin, exténués. Plus tard, Koluskap rend visite à son oncle et le félicite pour ses prouesses de chasse.