Le Gesner's Museum of Natural History
Le Gesner’s Museum of Natural History a ouvert ses portes à Saint John le 5 avril 1842. Son propriétaire était le Dr Abraham Gesner, médecin et géologue, surtout connu pour avoir inventé le kérosène. Le Dr Gesner est né à Cornwallis, en Nouvelle-Écosse, le 2 mai 1797. Après des études de médecine à Londres, en Angleterre, il exerce à Parrsboro, en Nouvelle-Écosse, où il commence à s’intéresser à la géologie et à la minéralogie, ainsi qu’à collectionner des spécimens géologiques.
En 1838, il vient s’installer avec sa famille à Saint John, après que le gouvernement du Nouveau-Brunswick lui a demandé d’effectuer une étude géologique de la province. Durant les quatre années qui suivent, Gesner mène à bien son idée de musée.
Il publie le 15 avril 1842 un catalogue de sa collection dans lequel il sollicite des donations. Outre des spécimens d’histoire naturelle, il demande « des reliques, des œuvres d’art, des livres et des documents anciens, des maquettes, des inventions, des articles fabriqués dans la province et des curiosités de toutes sortes ». Il s’adresse en particulier aux « capitaines de la marine marchande et subrécargues de navires », auxquels il propose l’entrée gratuite en échange de leurs donations et demande « d’aider à réaliser cette œuvre utile et intéressante ». « Le musée s’enrichit chaque jour d’objets rares et magnifiques », ajoute-t-il. On prétend que, parallèlement à cet appel au grand public, Gesner se rend régulièrement sur les quais de Saint John pour échanger certains de ses spécimens d’histoire naturelle contre des « curiosités » rapportées d’outre-mer par les gens de mer (Barkhouse, p. 48).
Le catalogue répertorie plus de 2100 spécimens d’histoire naturelle et comporte vers la fin une petite section sur des objets divers, soit environ 24 objets étrangers, provenant principalement du Pacifique Sud.
Ces acquisitions permettent certainement de croire que les gens de mer du Nouveau-Brunswick n’étaient pas réticents à l’idée de donner des artéfacts rapportés de leurs voyages. Elles sont par ailleurs révélatrices des distances parcourues par les navires de la province.
Gesner n’a laissé que très peu de documents sur les artéfacts. Le nom des objets et des lieux d’origine est général et il n’existe aucune indication de datation. Les noms des donateurs sont également sommaires; ils étaient sans doute faciles à identifier à l’époque, mais 165 ans après, ils constituent des énigmes à résoudre.
L’année suivante, en 1843, une annexe est établie, qui donne une liste des ajouts apportés à la collection de Gesner, mais son contenu est tout aussi énigmatique.
À peu près à l’époque où l’annexe est établie, Gesner connaît des difficultés financières et est obligé de se dessaisir de son musée pour payer ses créanciers, le juge en chef Ward Chipman et le juge Robert Parker, tous deux membres fondateurs du Saint John Mechanics’ Institute, auquel ils remettent le Gesner’s Museum en 1846.
Pendant plusieurs années, la collection du Gesner Museum demeure distincte, mais elle a dû finir par fusionner avec celle du Mechanic’s Institute. Par ailleurs, nombre d’artéfacts ont perdu leur identité, probablement en partie parce que leurs étiquettes se sont détachées. En 1883, une liste est dressée pour la collection internationale exposée par le Mechanic’s Institute; plusieurs des artéfacts d’Océanie de la collection de Gesner y figurent, sans mention de son nom. La confusion s’aggrave après la reprise des deux collections par la Natural History Society of New Brunswick. De récentes tentatives, plus particulièrement celles effectuées dans le cadre de ce projet ARUC, ont permis de redécouvrir nombre des précieux et fascinants artéfacts internationaux réunis par Gesner à Saint John.