Saint John et le commerce Située dans le sud du Nouveau-Brunswick et à l'embouchure du fleuve Saint-Jean sur la côte ouest de la baie de Fundy, Saint John est aujourd'hui une ville de taille modeste au Canada. Pourtant, en 1871, Saint John est la quatrième ville la plus populeuse du Canada et le principal centre urbain de la région sur le plan de l'importation et de l'exportation, sa situation géographique et sa population jouant un rôle de premier plan en matière de prospérité. Saint John sert de point central qui facilite les liens avec les localités qui parsèment la côte et l'intérieur de la province. Son développement repose également sur le réseau de transport, les liens de communication et une main-d’oeuvre disponible. Une proportion considérable de la fabrication à valeur ajoutée de Saint John vient des ateliers d'artisans, des boutiques d'artisanat et manufactures de toutes tailles. Les compagnies de construction, les chantiers navals, les fonderies et les usines de textile coexistent avec les agents maritimes, les courtiers d'assurance, les marchands à commission et les éditeurs de journaux. Les grossistes et les détaillants fournissent toutes sortes de biens, des voitures aux cercueils en passant par les articles de fantaisie et les boissons alcoolisées.

Pourtant, au début du XXe siècle, l'industrie et l'investissement commencent à décliner dans la région. Le recensement national de 1911 montre que sa population ne s'est accrue que de 1200 personnes en 40 ans, ce qui lui impose un recul au 11e rang des villes canadiennes. Pour remédier à la situation, l'administration municipale et le Saint John Board of Trade (chambre de commerce locale) déploient une stratégie intense visant à améliorer les perspectives économiques. La génération précédente associait le succès de Saint John à son accès à la mer qui facilitait les échanges commerciaux et, par conséquent, stimulait les affaires. Avec une vigueur renouvelée, Saint John se présente alors comme le seul port libre de glace en hiver dans l'Est du Canada et cherche sans cesse à développer son réseau de transport pour accéder aux marchés de l'Ouest canadien et les marchands de la ville, ne voulant pas être en reste, accentuent cette image positive dans le cadre de leurs efforts publicitaires. Tous cherchent à faire bonne impression et à améliorer la perception de leur ville. En 1914, le Common Council de Saint John publie une brochure promotionnelle au ton optimiste, « Saint John, New Brunswick, Canada: Canada's Winter Shipping Port ». En voici un extrait librement traduit :

L'expansion commerciale de Saint John a été si formidable et ses travaux de construction, si merveilleux dans les dernières années, qu'un tel livret devrait être une source d'information abondante pour ceux qui souhaitent y implanter des usines ou s'engager dans le commerce de la vente en gros ou au détail, leur montrant les industries qui sont déjà établies et celles qui pourraient l'être de manière profitable dans cette ville littorale. Saint John a l'avantage non seulement d'être relié par rail à toutes les régions du Dominion, mais aussi d'être en contact avec les grands marchés mondiaux grâce à quelque 17 compagnies maritimes.

Au début du XXIe siècle, l'assise économique et commerciale de Saint John s'est diversifiée, s'adaptant aux changements et aux développements technologiques, aux nouvelles pratiques commerciales et à l'économie mondiale. Même si les nouvelles entreprises transforment le profil commercial de la ville, Saint John continue à entretenir des liens solides avec les éléments essentiels qui ont façonné son caractère historique.