Traditions

Calotte, 1884-1888
Calotte, 1884-1888

Chez les Wolastoqiyik, les traditions en matière de décoration d'objets puisent leur source dans la sensibilité des artisans et leur appréciation du milieu naturel, comme dans la compréhension approfondie qu’ils ont des matériaux et des techniques. L’effet combiné de ces éléments, ajouté à un immense talent, une qualité de design exceptionnelle et d’excellentes aptitudes pour la création, donne des objets impressionnants de beauté et de complexité. La collection d'objets d'origine wolastoqiyik du Musée du Nouveau-Brunswick nous permet de faire quelques observations précises à propos de ces traditions cr éatives.

Panier, v. 1900
Panier, v. 1900

Bien des objets, qu’ils soient fonctionnels ou décoratifs, présentent des modifications de la surface. D’une manière générale, les bords ou lisérés de nombreux objets des Wolastoqiyik semblent avoir reçu une attention particulière, et leur décoration très minutieuse offre un contraste saisissant avec les grandes surfaces de couleur unie. Les motifs les plus courants allient des formes sinueuses et naturalistes, inspirées de plantes ou d'animaux, à des figures géométriques. Parfois, des silhouettes ou des scènes reproduites de façon réaliste sont également intégrées à la composition. Au sein des motifs, des éléments sont souvent répétés ou modifiés pour s’adapter à la forme particulière de l’objet. De nombreux objets de matières différentes (tissu, écorce de bouleau, bois) portent le motif en double courbe.

Boîte, v. 1850
Boîte, v. 1850

Au chapitre de la broderie perlée, des sections très denses, comptant des centaines ou des milliers de perles de verre de différentes couleurs, ornent les bords, poches, fronteaux, revers et col des vêtements. Parfois, des appliqués de laine ou de soie forment des motifs géométriques. Certaines broderies perlées intègrent des motifs très fins qui sont d’abord travaillés sur des formes de papier lesquelles sont ensuite cousues sur les v êtements.

Panier, v. 1850
Panier, v. 1850

La fabrication des contenants en écorce de bouleau exige qu’on retourne l’écorce pour en exposer la face interne, plus foncée. On peut pratiquer des incisions dans cette dernière ou la gratter pour exposer la couche du dessous, de couleur claire. Sur les pagaies en bois, les tuyaux de pipe et les poignées des calibres utilisés pour mesurer les éclisses à panier, les motifs sont gravés superficiellement, puis imprégnés d'un pigment, habituellement rouge ou noir. Sur la poignée des couteaux à lame incurvée et les fourneaux de pipe, des sculptures d’animaux en bas-relief s’allient aux motifs g éométriques gravés.

Chez les Wolastoqiyik, la vannerie témoigne d’habiletés exceptionnelles dans le domaine du tressage, du tissage et de la mise en forme des paniers. On a recensé toute une gamme de techniques de tressage, y compris les motifs en damier, hexagonaux (raquettes), croisés et de type vannerie. Le nattage en surface décoratif, quand les éclisses horizontales du panier sont tordues ou modifiées, comprend la dentelle, les guirlandes de ruban, le losange simple (uni), le chardon (porc-épic) et la boule (grain, bigorneau, coquillage, jikajidg). Parfois, les motifs sont créés en tressant des éclisses teintes de couleurs contrastantes. À l’occasion, certains paniers ont été décorés à l’aide d’une technique d’impression au tampon ou en peignant certaines des éclisses.

Panier, 1948
Panier, 1948

La beauté de chacun de ces objets soigneusement travaillés témoigne du maintien des traditions artisanales et de la transmission des connaissances depuis des milliers d’années. L’excellence du travail illustre de façon manifeste l’intégrité de la culture wolastoqiyik et la profondeur des liens intellectuels, spirituels et émotifs symbolisés par les objets créés par ce peuple.